Le blog des consultants Lecko

Les évolutions technologiques peuvent-elles solutionner la pollution numérique ?

S’appuyer sur les progrès technologiques pour résoudre nos problèmes est tentant. Mais force est de constater que les améliorations technologiques sont effacées par l’augmentation de nos usages eux-même créés pour partie par la mise à disposition de cette technologie. Sans maîtrise de nos pratiques et sans prise de conscience nous ne pourrons pas contenir nos émissions Carbone. Le monde de la tech’ a sa part de responsabilité dans la manière dont il appréhende la question environnementale.  

Les fournisseurs d’équipements et éditeurs logiciels ont un rôle ambigüe. Le Cloud permet la mutualisation et la concentration permettant l’optimisation énergétique, mais les fournisseurs de services en ligne restent opaque sur les redondances nécessaires à la qualité de services et à la sécurité. Le choix d’héberger la totalité de nos données dans le Cloud est-elle compatible avec les enjeux environnementaux ?

Apple, Google, Box ou Microsoft proposent 1 To dans le Cloud pour moins de 10€/mois et incitent à la consommation d’espace disque. Est-ce raisonnable lorsqu’on sait que 1 To dans le Cloud émet près de 1/2 tCO2e / an. Sur le marché du carbone la tonne de CO2 s’évalue à plus de 50€. Le coût environnemental est-il pris en compte dans les offres ?

Dropbox lui propose le To à 60€ / an

Et Box propose un volume de stockage illimité…

Les fournisseurs investissent dans des Data Center alimentés en électricité verte mais est-ce une solution qui autorise la consommation illimitée de la ressource numérique ? La part d’énergie verte disponible est limitée. D’autres activités plus essentielles (que de sauvegarder 135 photos prises chaque jour pendant 10 ans) pourraient l’utiliser. L’infrastructure de production d’électricité est finie. Elle ne se développe pas assez pour se substituer aux productions polluantes, ni pour absorber la croissance de la demande.

La situation de la Malaisie illustre bien l’impact des installations numériques énergivores sur un système de production d’électricité en limite de capacité. https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20210723-malaisie-un-millier-de-machines-de-minage-de-bitcoins-d%C3%A9truites-au-rouleau-compresseur

Impossible de ne pas évoquer l’obsolescence programmée ou passive, conduisant au renouvellement incessant d’équipement. A chaque fois qu’Apple sort un nouvel iPhone, ce sont des millions de smartphones renouvelés par trimestre. De même, nous pouvons nous réjouir des progrès des nouvelles versions de Windows mais lorsqu’on sait qu’elles entraînent le renouvellement des parcs informatiques des entreprises… Les smartphones comme les ordinateurs sont remplacés alors qu’ils fonctionnent encore. Si je salue les efforts pour réduire le coût environnemental de fabrication, je ne peux pas mettre sous le tapis des stratégies commerciales “non responsables”. 

A côté de cela, le numérique permet d’optimiser le fonctionnement de systèmes industriels et contribue à réduire de 50% nos émissions de GES comme fixé avec les Accords de Paris. BCG estime que 5 à 10% des réductions de GES proviendront de l’appel à l’intelligence artificielle (https://www.bcg.com/fr-fr/publications/2021/ai-to-reduce-carbon-emissions).

L’usage débridé de la technologie aussi vertueuse soit elle, conduit à une augmentation de la pollution et pas nécessairement à un bien-être accru. Élever la conscience environnementale des entreprises du numérique et des utilisateurs est la seule voie pour prendre en compte sérieusement le facteur environnemental dans les transformations en cours.

Sources :

Arnaud Rayrole

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