C’est un constat de tous les jours, le modèle du travail dans l’entreprise est à bout de souffle. Les entreprises risquent d’imploser, les salariés en premières victimes et la faute à une organisation du travail désormais incompatible avec une réalité de plus en plus complexe et incertaine.
Les innovations technologiques constantes et autres uberisation auront raison de cette organisation vieillissante mise en place lors de la 2ème révolution industrielle. Calquée sur le régime militaire cette organisation avait pour objectifs de rationaliser la production, ayant pour conséquence la rigidification des processus. La course à la productivité du XXème siècle, associée à une complexité croissante, n’a rien arrangé et a même contraint les entreprises à renforcer leurs moyens de contrôle sur les processus et les collaborateurs.
Quelle place des managers dans cette évolution technologique
L’évolution technologique rapide et exponentielle bouleverse fortement cette organisation. Le numérique peut être vu comme un catalyseur et un révélateur du comportement. Ainsi dans les années 2000, l’email a permis d’accélérer les communications permettant un saut de productivité dans les entreprises. Bénéfique au début, cela est rapidement devenu pervers, l’entreprise demandant de faire toujours plus, en moins de temps. Le collaborateur a dû en parallèle assimiler une quantité de plus en plus importante d’informations. L’Homme, pourtant doué d’une formidable capacité d’adaptation, n’arrive plus à traiter, digérer cette croissance exponentielle de données. Il arrive à une overdose qui va lui faire perdre ses repères ainsi que le sens qu’il donne aux choses, en particulier ses tâches professionnelles, surtout si elles sont décousues les unes des autres, comme c’est souvent le cas.
Les premières victimes, dans l’organisation hiérarchique pyramidale, sont les managers intermédiaires. Ils sont pris en étau, car leur rôle, tel que défini dans cette organisation, est de donner les directives puis de contrôler le travail effectué par leurs subordonnées, tout en rendant compte à leurs supérieurs d’une réalité terrain souvent éloignée de leurs exigences. Ces managers vont être les premiers à subir les effets du stress et autres risques psychosociaux. Ils vont progressivement perdre le sens qu’ils donnent à leur travail. L’entreprise également va être perdante, car ce système annihile la créativité et l’innovation, alors que c’est aujourd’hui qu’elle en a le plus besoin pour accompagner la transformation initiée par le digital.
La motivation de chacun pour le bien commun
L’arrivé du collaboratif, puis des réseaux sociaux d’entreprise, ne réduit pas ces flux de données ni même leur complexité, mais va permettre à minima de les partager, les diluer avec ses collègues. Pour le manager c’est l’opportunité de pouvoir déléguer certaines tâches voire certains projets, de solliciter des points de vue différents, libérer les énergies et les initiatives des collaborateurs, en quelque sorte lâcher prise, se détacher un peu et prendre du recul.
La mise en place d’un RSE va permettre de révéler les talents cachés de l’entreprise, de les mettre en réseau pour créer de l’intelligence collective. Celle-ci est à même de résoudre les problématiques plus facilement, elle les anticipe même. L’intelligence collective est cette force permettant d’aller plus loin dans les projets, de s’attarder sur des détails cruciaux, d’affiner les réflexions. C’est l’élément qui va inciter les collaborateurs à se dépasser pour l’entreprise, non plus par devoir (implicite), mais par choix pour leur satisfaction personnelle. Ils vont ainsi réaliser le dernier besoin de Maslow, celui du dépassement de soi. Les mécanismes de communautés et de réseaux vont aussi inciter chacun à s’autocontrôler pour le bien commun, réduisant ainsi le rôle de contrôle du manager.
Pour que ce dispositif fonctionne, il est impératif pour le manager de faire confiance à ses collaborateurs, chose difficile pour lui dans la mesure où son rôle historique le place toujours dans la défiance. J’observe à travers mes missions que cette réticence à lâcher prise est un véritable frein à la mise en place d’un RSE et ces nouveaux usages. Il est essentiel d’expliquer au manager que lâcher prise et modifier ses habitudes va être bénéfique non seulement pour l’entreprise, mais surtout pour le manager lui-même qui gagnera en sérénité ainsi qu’en satisfaction de travail effectué sur des actions plus gratifiantes.
Les étapes du lâcher-prise
La première étape du lâcher-prise est de prendre conscience de la réalité et de bien identifier les éléments sources de difficultés. Se poser les bonnes questions avec une prise de recul permet de beaucoup mieux appréhender les problématiques dans son travail quotidien. La seconde étape va être d’accepter la réalité. On ne parle pas ici de résignation ni de faiblesse, mais simplement d’une force qui va permettre de mieux intégrer les difficultés pour les contourner. Le fait d’accepter va permettre de changer de point de vue, son angle d’attaque sur une situation. Le réseau social d’entreprise à travers notamment l’intelligence collective va être notamment cet outil qui va permettre au manager de changer son référentiel de départ, lui permettant de suivre avec un angle différent un projet qu’il aura délégué plus facilement.
En faisant confiance à ses pairs, en acceptant de changer de perspective et de s’appuyer sur la co-réflexion, le manager délèguera plus facilement la gestion de projet et verra son rôle s’élever. Sa fonction de contrôleur va évoluer vers celle de guide, motivateur, animateur, facilitateur… Soit une mission plus gratifiante et plus agréable à mener. Son travail aura aussi plus de sens, car le manager sera cette force qui dynamisera son équipe pour se dépasser.
Lâcher-prise est une démarche positive pour le manager, il va lui permettre d’insuffler à son équipe un climat de confiance bénéfique à la réalisation du travail. Le réseau social d’entreprise va être ce catalyseur qui va aider le manager à faire sa transition vers son nouveau rôle de leader, mais encore faut-il que le manager commence à lâcher prise. Seul ce lacher prise (notamment à travers le RSE) va permettre d’initier cette démarche constructive et bénéfique aussi bien sur un plan professionnel que personnel.
Alors, prêts pour lâcher prise et donner une nouvelle dynamique à votre quotidien?