Transparence et ouverture, tels étaient les maîtres mots de la conférence ePSI qui s’est déroulée à Rennes le 29 novembre dernier, quelques heures seulement après les révélations de Wikileaks qui allaient placer en une de tous les médias la question de la « transparence totale ».
A l’écoute d’interrogations de plus en plus fréquentes de nombre de nos clients et conscient des enjeux que représente l’ouverture des données publiques au niveau des collectivités locales, USEO était présent à cette journée riche d’expériences venues de toute l’Europe.
Plutôt qu’une liste à la Prévert revenant sur toutes les interventions de la journée, je vous propose ici de nous arrêter sur quelques éléments marquants. USEO développera prochainement une étude qui nous permettra d’être plus exhaustif sur la question.
J’y vais ou j’y vais pas ?
Pour le moment, les collectivités locales françaises se posent une multitude de questions sur l’ouverture des données publiques : attendre des premiers retours d’expérience significatifs ? y aller tout de suite? Si oui, sur quel type de données, avec quels partenaires,… ? Si les bretons semblent avoir fait le choix de ne pas attendre (à l’instar de Rennes ou de Brest Océane, qui a notamment fait part de tout son enthousiasme lors de son intervention), force est de constater que faute de réel exemple au sommet de l’Etat, les choses mettent du temps à se décanter. Les collectivités commencent à percevoir les avantages que l’ouverture peut générer, mais ont également conscience des impacts plus délicats à gérer, notamment en termes de nouvelle responsabilité induite par cette transparence.
Deux éléments pourront néanmoins faire accélérer la situation : la contrainte législative, qui va imposer aux collectivités d’aller vers plus d’ouverture et l’évidence, rappelée par Charles Nepote de la FING : « si elles ne partagent pas leurs données, d’autres le feront à leur place ».
Quel modèle économique adopter ?
Ouvrir ses données publiques, pourquoi pas ? Mais en adoptant quelle logique économique ? Une collectivité doit-elle mettre à disposition ses données gratuitement sous prétexte que les contribuables paient des impôts le justifiant ou au contraire doit-elle les monétiser si un effort de traitement est effectué afin de les rendre le plus exploitable possible? Des systèmes mixtes sont-ils envisageables ?
Evidemment, il n’existe pas de modèles qui soient « dans le vrai » et d’autres totalement inefficaces. La position finlandaise, exprimée par Jarmo Eskelinen d’ Apps for Democracy in Helsinki, est néanmoins éclairante : pourquoi faire payer alors que l’ouverture va permettre à des entreprises de se créer et de se développer, générant ainsi pour la collectivité un surcroit de ressources via l’impôt sur les sociétés ?
Open data et Entreprise 2.0 : que de similitudes !
Combien de similitudes entre certaines observations de cette journée et les problématiques vécues quotidiennement auprès de certains de nos clients s’ouvrant aux logiques de l’entreprise 2.0. Citons en quelques-unes :
– L’open data est un projet organisationnel avant d’être un projet technique : impacts sur l’organisation des services, décloisonnement pour gagner en réactivité et efficacité, nouveaux modes de relation avec les citoyens,…
– La réussite d’une politique d’open data est conditionnée à l’implication et au portage « contre vents et marée » d’un leader (président de la collectivité, élu TIC, responsable du TIG,…). Sans un décideur convaincu, les résultats seront difficiles à atteindre.
– Sans création et animation d’un écosystème / d’une communauté, le projet d’open data peut végéter. Il faut engager le dialogue avec des partenaires (développeurs, médias, citoyens,…), les impliquer dans la démarche, les associer à des « incentives » (voir l’exemple du concours lancé par Rennes Métropole à destination de la communauté des développeurs)
– Une approche « work in progress »: il ne faut pas hésiter à tester la démarche sur des données limitées ayant une utilité élevée pour les citoyens et à améliorer le dispositif après coup. Un échange très stimulant a eu lieu au cours de la journée rennaise entre des collectivités françaises qui doutaient de la fiabilité de leurs données et la vision anglo-saxonne portée par Chris Taggart, qui estimait quant à lui qu’il était préférable de les ouvrir quand même, en incitant la société civile à contribuer à leur optimisation.
Les anglo-saxons et les nordiques en avance
Les représentants anglais et finlandais présents ont montré que le niveau de maturité de l’open data dans leur pays était à ce jour bien plus avancé que dans les autres pays d’Europe « continentale ». Au-delà de cette « avance », c’est même leur approche qui semble différente :
– des collectivités « décomplexées » devant la qualité de leurs données qui peuvent être optimisées par les citoyens,
– une logique « business » intégrant des partenariats public-privé totalement intégrée,
– des incitations fortes de l’Etat à être plus transparent (d’ici à 2011, toutes les dépenses supérieures à 500 £ devront être publiées par les collectivités),
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