Achat ou location ? Investissement ou abonnement mensuel ? Que ce soit pour se loger, se déplacer, ou se divertir, ces alternatives semblent naturelles aux consommateurs. Pourtant, l’acquisition de logiciels ou de solutions informatiques s’est pendant longtemps faite quasi-exclusivement selon un mode d’achat de licences. Avec l’émergence du web 2.0 et, au-delà, de l’évolution vers une économie où le « service » tant à prédominer sur le « produit », il n’est pas étonnant de voir le modèle locatif enfin réellement s’imposer dans le monde logiciel. Mais, outre un paiement mensuel, que peut apporter ce modèle ? Et que signifie exactement SaaS, terme aujourd’hui abondamment utilisé pour désigner ces logiciels hébergés à louer ?
Historique comparatif : de l’ASP au SaaS
La location d’applications via Internet est née lorsque des ASP (pour Application Service Provider, FAH pour Fournisseur d’Applications Hébergées en français) ont commencé à proposer des accès payants à des applications qu’ils hébergent et rendent disponibles via des API. L’intérêt pour leur client est l’économie réalisée à la fois sur l’hébergement de l’application et sur l’investissement lourd que peut représenter l’acquisition d’une licence logicielle. Le modèle des applications de services hébergées a cependant largement évolué depuis, et on préfère aujourd’hui parler de modèle SaaS (Software as a Service). Les principaux avantages de ce nouveau modèle sur le modèle ASP sont les suivants :
• Les hébergeurs ASP ne sont que très rarement éditeurs des solutions qu’ils hébergent, le support est donc de bien moins bonne qualité, et les mises à jour bien moins fréquentes que pour les applications du modèle SaaS, mises à disposition directement par l’éditeur lui-même. En outre, ces éditeurs proposent également des prestations de développement et d’intégration. Les offres SaaS sont ainsi plus propices à la personnalisation et à l’intégration dans l’existant du client que les offres ASP.
• Les applications hébergées en ASP ont, pour la plupart, été développées en mode client-serveur (certaines nécessitant même l’utilisation d’un logiciel installé sur le poste client pour fonctionner). Leurs performances en ligne sont donc bien moins bonnes que des applications spécialement développées pour un usage web, telles que celles proposées sur les plates formes SaaS.
• Le paiement en mode ASP s’assimile à un paiement de licences utilisateurs, tandis que certains acteurs SaaS proposent des modes de paiement à l’usage, qui peuvent être indexés sur le temps de connexion, le nombre d’opérations effectuées, le volume de données ou l’utilisation de telle ou telle fonctionnalité.
Exemple de tarification d’une solution CRM (Gestion de la relation client) en mode SaaS
Le terme SaaS désigne donc un modèle précis, mais est cependant très récent, puisqu’il date de 2005. Il est ainsi fréquent de retrouver les termes ASP, voire OnDemand pour désigner de manière large les solutions disponibles en mode locatif hébergé.
Ce modèle est donc en constante mutation, mais sa croissance est impressionnante. En effet, selon le célèbre institut d’études Gartner, le marché du SaaS représente en 2007 5,1 milliards de dollars, soit une hausse de 21% par rapport à l’année 2006. Dans tous les domaines, les applications SaaS gagnent ainsi rapidement des parts de marchés sur les applications vendues sous forme de licences.
Flexibilité et offre de service
Cette croissance est due à l’avantage majeur du modèle locatif par rapport au modèle d’achat de licence : la flexibilité.
Flexibilité liée au choix et à la concurrence, tout d’abord : le client ne s’engage pas sur le long terme, un prestataire de service qui ne conviendrait pas pourrait donc être abandonné. Pour se prémunir de cela, les prestataires proposent bien entendu des périodes d’engagement, mais le coût de résiliation reste bien moins élevé que celui de licences d’un logiciel qui s’avérera ne pas correspondre. En effet, les coûts liés à l’exploitation de l’application en interne sont nuls dans un modèle locatif.
La souplesse des contrats rend donc la concurrence plus intense et force le prestataire à satisfaire le client en permanence et à proposer une offre flexible. L’évolution générale du logiciel ne s’effectue plus par à-coup, l’éditeur ne livre plus de mises à jour à installer sur le poste du client, l’application évolue sans aucune intervention, dans une perspective d’amélioration permanente, comparable à un développement de logiciel en phase « béta ».
En outre, le modèle de facturation locatif est plus intéressant pour une entreprise, puisqu’elle paiera un prix correspondant à son usage réel. En effet, la plupart des paiements se font au nombre d’utilisateurs ayant accès aux applications, voire pour certaines applications à l’espace disque utilisé, et non plus sous forme d’achat de licences qui seront plus ou moins exploitées par les utilisateurs.
Une alternative intéressante
Avec le modèle SaaS, le marché des logiciels est enfin entré dans une ère où la location constitue une alternative crédible à l’achat. Ceci ouvre donc de nouvelles perspectives et, même si les petites structures bénéficieront certainement plus du modèle locatif, celui-ci peut s’avérer une opportunité intéressante pour n’importe quelle organisation. Une opportunité qui mérite au moins d’être étudiée.