Les entreprises évoluent plus lentement que prévu. Depuis sa création il y a 5 ans, Bluekiwi a levé plusieurs fois des fonds conséquents pour financer sa road-map et anticiper sur un marché émergent. Ce marché tarde à décoller, même si nous avons évalué une croissance de 60% en 2011. A court de cash, Bluekiwi devait faire une levée de fond supplémentaire. Par ces temps de crise, un rachat était plutôt une “pas si mauvaise porte de sortie”, car un dépôt de bilan aurait été plus dévastateur (bien sûr pour Bluekiwi), pour Dassault Système et pour l’écosystème.
Atos s’est acheté une crédibilité et une équipe très expérimentée et met toutes les chances de son coté pour développer son projet “zéro mail” qui constitue sa vitrine 2.0. J’ai des doutes que cela ait couté si cher que ça à Atos ; je ne crois pas non plus aux 5 M€ de CA annoncé pour Bluekiwi en 2011. Il faut rappeler que l’éditeur affichait 2M€ en 2010 (cf société.com) et en tant que vendeur Saas, ce qu’il commercialise en 2011 ne génère du chiffre qu’en 2012. Et puis avec 5M€ de CA et 30 personnes, Bluekiwi serait profitable et donc absolument pas dans l’urgence d’un financement.
A l’heure où l’humain, la créativité et l’engagement sont au cœur de la réussite de l’entreprise, comment voir ce rachat qu’à travers une synergie industrielle. Cela a toutes les chances de casser une belle machine. Un tournant pour l’équipe Bluekiwi qui historiquement a intégré une start-up innovante, bouillonnante. Même si j’imagine que l’intégration se fera progressivement, je pense que le virage pris avec le départ de Carlos Diaz (début 2011) va s’accentuer. Un déménagement est prévu dans quelques mois, ce sera un 1er signal. Thierry Breton devra montrer qu’il appréhende toutes les facettes de l’entreprise 2.0, qu’il sera aller au-delà de la question du mail, et maintenir l’enthousiasme chez les Bluekiwi guys dans ce nouveau contexte. Mais il ne semble pas manquer de leadership.
L’éditeur devra préciser l’évolution de son positionnement, mais on peut imaginer :
Bluekiwi s’est donné les moyens de pérenniser son offre, à Atos d’écrire la suite.
Et bravo à ses co-fondateurs et à l’équipe pour le parcours accompli ! L’écosystème français vous doit d’avoir ouvert la voie.
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