Le blog des consultants Lecko

Les réseaux sociaux territoriaux existent : j’en ai vu un en vrai !

10 décembre 2013

12h34, “coin déjeuner” de Lecko : mes collègues s’étonnent de me voir engloutir rapidement un sandwich. Je leur réponds (mais pas la bouche pleine) que je vais à la Moisson à Lille. Je précise devant leurs regards incrédules que la Moisson est un évènement annuel du réseau social territorial Récolte organisé par ENRx (Espace Naturels Régionaux – Nord-Pas-de-Calais). “La Moisson en décembre ?”, “Ah,  c’était pas le projet sur lequel on avait bossé en 2011-2012 ?”, “Ah, mais oui, c’est là où ils t’avaient pris en photo avec un arrosoir et une botte de foin ?”. Oui, oui, oui, ils ont raison, mais mon train va partir…


La Moisson 2011: la photo accablante, gentiment placardée par les collègues au bureau

 14h18, gare de Lille-Flandres : La Moisson commence dans 12 minutes à la gare Saint-sauveur. Pas de problème, je marche vite et je vais retrouver le chemin puisque j’y suis déjà allé pour les deux premières éditions: en 2011 (le chapeau de paille, l’arrosoir, la botte de foin) et en 2012. J’y avais à chaque fois présenté des statistiques et résultats d’enquêtes prouvant que les utilisateurs de Récolte étaient nombreux, assidus et surtout conscients de l’utilité concrète d’un tel outil.

 
La Moisson 2012: Les camemberts sont formels : “Récolte, ça marche.”

14h24. En chemin, je m’interroge: est-ce que Récolte marche toujours aussi bien et, surtout, pourquoi est-ce aussi rare que de tels réseaux territoriaux existent et fonctionnent ? Ces pensées, ainsi que les animations de Noël et un soleil rayonnant* me font me perdre dans Lille… Je rate donc les premières minutes de présentation d’Arthur de Grave (de OuiShare) : Crowdfunding, communication participative, partage de ressources, des millions d’internautes se mettent quotidiennement en réseau pour collaborer en toute confiance, au point de menacer le modèle institutionnel classique. Selon lui la SNCF considère que ses premiers concurrents sont les sites de covoiturage. Mais alors, pourquoi cette mise en réseau n’est pas spontanée dans les institutions ? Pourquoi, même sur Récolte, faut-il stimuler la confiance, convaincre les institutions de partager sur des sujets communs, etc. ?

 
Les histogrammes sont formels : l’économie collaborative, ça marche… rapide

 15h, quelques pâtisseries et une bière plus tard, je poursuis mon enquête. Fabien Brimont (d’ENRx, un des utilisateurs les plus actifs de Récolte) me briefe sur les évolutions de 2013 : des communautés se créent toujours, mais sans effort d’accompagnement (convaincre, assister à la création, former, conseiller…) beaucoup s’essoufflent. Pourquoi l’adhésion ne se fait pas aussi spontanément que dans la “vie personnelle” ? “Manque de culture web, conservation des habitudes, démarche vécue comme une contrainte, fossé générationnel” : les suspects habituels…

Matthieu Luis (de Jamespot, qui outille Récolte) me confirme que Récolte est une exception : il ne connait pas d’exemples aussi réussis d’institutions territoriales en réseau. Mais pourquoi ? “Parce qu’il n’y a pas assez de David Moulin.” Directeur adjoint d’ENRx, responsable du projet Récolte, maître de cérémonie de la Moisson, David serait donc l’homme providentiel ?

 
David Moulin (à droite) félicite le 1000ème membre de Récolte (à gauche, vous l’aviez deviné)

16h15, le Directeur Général d’ENRx prend la parole : Il rappelle que Récolte était une expérimentation en 2011-2012, pérennisée en 2013 car les chiffres étaient bons. Je repense à mes camemberts, mes tableaux de bord, mes enquêtes de satisfaction, la larme à l’œil. Récolte devait avoir 500 utilisateurs au départ, le 1000ème les a rejoint il y a un mois. Symbole vivant du succès de Récolte, il monte sur scène. Lui succède le jury des trophées Récolte 2013, qui récompensent les communautés et utilisateurs les plus actifs. Le Directeur Général, maître de cérémonie de cette séquence, passe en revue les listes des nommés (sans manquer de railler le mot “nominé”, qu’il laisse aux parisianistes**), les membres du jury annoncent les vainqueurs qui montent sur scène récolter leur trophée.

 
De gauche à droite : Les vainqueurs des trophées Récolte (devant avec les trophées), les membres du jury (derrière), le Directeur Général et David Moulin (encore lui)

17h12, la cérémonie laisse place au verre de l’amitié, l’occasion pour moi d’enfin échanger avec le très sollicité David Moulin. Nous parlons de la poursuite en interne des travaux que nous avions initiés : les tableaux de bord (complétés par l’utilisation de RSE Analytics), le dispositif d’accompagnement. Il me confirme que Récolte continue à bien vivre, mais qu’il y a encore du travail. Et je lui pose enfin la question brûlante : pourquoi y a-t-il si peu de réseaux sociaux territoriaux similaires à Récolte ? David partage ce constat. Il pense que beaucoup préfèrent l’approche institutionnelle à l’approche territoriale. Il estime que cela constitue un danger pour ces institutions qui se révèlent moins efficaces que l’écosystème web. Il est convaincu (par l’expérience) que les institutions ont besoin de cette mise en réseau. Mais il ne sait pas pourquoi cela se réalise si rarement.

 
Des tables, des néons, des gens assis, des gens debout :  la Moisson 2013

17h48, je quitte précipitamment la Moisson qui touche à sa fin. Pas question de rater mon train du retour. Je me dis que je n’ai pas trouvé ce que j’étais venu chercher : le pourquoi du comment, le truc réplicable dans d’autres contextes… Tant pis. Sur le chemin du retour, moins ensoleillé***, je repense à cette Moisson : les pâtisseries, le bar gratuit, les trophées, les ateliers d’échanges en petit comité sur des problématiques communes (agro-écologie, biodiversité, éco-citoyenneté, tourisme…). Au final, la soixantaine de participants est satisfaite de son après-midi. Les messages écrits sur le mur laissé à cet effet**** le prouvent : la colonne “les moins” est vide. La colonne “les plus” est remplie de “la convivialité au rendez-vous”, “une bonne occasion de se rencontrer”, “De nouvelles rencontres réelles après le virtuel” et celui-ci, que je garde en guise de conclusion : “Trop top ! Encore !”

 

* oui, je le jure, il faisait très beau le 10 décembre à Lille.
** c’est de bonne guerre
*** la nuit le soleil se couche en Nord-Pas-de-Calais
**** on pourrait faire le parallèle avec le “mur projet”, au cœur de notre démarche d’accompagnement Micro Social Learning, mais vous trouveriez cette approche un peu trop promotionnelle, non ?

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